Biographie

Née le 1er mars 1961, Françoise Ferreux vit en Alsace dans le Haut-Rhin.

Après cinq années d'études à l'école des Beaux-Arts de Mulhouse, ses oeuvres graphiques ont fait
l'objet d'expositions personnelles et collectives en France et à l'étranger, de 1984 à 1996.

Françoise Ferreux travaille avec le matériau textile depuis 2008.

Démarche artistique

Le choix de travailler avec la fibre de lin s'est installé comme une évidence. Le lin m'offre son histoire, sa constance et sa sobriété.

J'ai trouvé là le matériau sensible qui me permet de m'installer dans un long processus de recherches de formes, avec le parti pris exaltant de ne créer qu'avec très peu de choses: de la ficelle de lin, du fil de coton, des aiguilles et une paire de ciseaux.

La fabrication d'une texture nouvelle, nécéssitant une longue répétition de gestes d'assemblage progresse lentement. Puis vient le temps du travail réjouissant, qui me permet de mettre en volume cette texture, mon imaginaire en action, nourri d'observations joyeuses de la Nature...

C'est là un ensemble de formes qui furent un jour vivantes et qui sont au repos, qu'un promeneur solitaire trouverait sur une plage, ne sachant si l'océan les a versées ici ou si de la forêt profonde qui borde cette plage, elles sont arrivées, posant là leur mystère, surprenant le marcheur attentif et l'invitant enfin à les emporter loin, pour compléter chaque jour sa collection secrète.

Il noterait patient, sur un grand cahier noir, ses observations, l'heure de la découverte, la position qu'avait la chose sur le sable, ses mesures et son poids, ses plis et ses replis mystérieux lui feraient dessiner des courbes et des cercles, puis là des ombres, des contrastes, des filaments sortants...


Article DNA Janvier 2022 - Nicolas Pinot

Portfolio

Article HEBDOSCOPE Janvier 2022 - Par Luc Maechel

Exposition Sobriété bienheureuse | 25 janvier 2022 hebdoscope

Françoise Ferreux – De la présence de la nature

Portfolio

Au rez-de-chaussée de l’Espace Malraux à Colmar, une Collection (l’artiste revendique le mot) de sculptures en brins de lin cousus avec du fil de coton. Aux murs de la mezzanine, des dessins au feutre noir sur papier. Et deux choix exigeants : la sobriété et la monochromie – grège en bas, noir en haut.

Avec ces quinze tables carrées spécialement conçues pour offrir aux pièces une présentation horizontale, le White Cube prend des allures de musée zoologique avec l’éventaire raisonné d’une naturaliste qui aurait collecté des tests d’oursins, des coquilles de nautiles ou de crustacés voire des bois flottés rejetés par le ressac et qu’elle aurait patiemment répertoriés avant de les exposer. Le matériau est pour beaucoup dans cette première impression : calcaire et sable avec la brûlure du temps qu’évoque la teinte écrue du lin. Mais d’autres similitudes surgissent et la fantaisie s’enflamme vers des spécimens inédits minutieusement (re)constituées. Des sculptures molles que le visiteur a envie de toucher (malheureusement c’est interdit, les pièces étant fragiles).

Françoise Ferreux fabrique et invente (plutôt dans cet ordre) des créatures, des organismes, des objets tout en fils de lin cousus ensemble (celui en coton est invisible sauf certains nœuds). Pas de tressage, ni de tissage. Et une évidente affinité avec ce textile (depuis 2008) et son ancrage : les bandelettes des momies égyptiennes étaient en lin et son usage était majoritaire jusqu’à sa marginalisation au XIXe siècle par le coton plus propice à la mécanisation.

D’en haut, le regard appréhende l’ensemble de la Collection. Sur un des murs – les autres sont nus –, une citation de Marcel Conche extraite du livre (2001) qui donne son titre à l’exposition.

L’artiste invoque volontiers ce philosophe (centenaire en mars) : L’évidence de la Nature et l’évidence de la mort ne sont qu’une seule et même évidence. Droit de vie, droit de mort… et Françoise Ferreux assume ce provisoire. Ses sculptures peuvent se découdre, se défaire. Néanmoins elle donne figure à l’infigurable et mesure à l’incommensurable. Un geste d’incarnation.

Ses dessins au feutre s’inscrivent dans la même démarche. Celui du geste : une forme minuscule – boucle, hachure, maille, lignes parallèles… – dont la répétition engendre les représentations – microcosme ou macrocosme – avec plis et replis, textures végétales ou minérales, cartographie ou drapés… Le faire précède le concept et une énergique vie du trait sous-tend la maîtrise technique alors que ses œuvres dégagent beaucoup de douceur.

Linné considérait que la connaissance scientifique nécessite de nommer les choses. Aujourd’hui celles-ci disparaissent, alors Françoise Ferreux dessine, coud, fantasme de nouveaux spécimens pour compenser cet appauvrissement taxinomique. Avec une exigeante modestie.

Par Luc Maechel
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Article Poly Février 2022 - Raphaël Zimmermann

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